Un oeuf parle à sa poule, un vieux symbole raconte sa vie, deux yeux dialoguent, un perroquet donne des conseils. Des concepts discutent : le destin avec le libre arbitre, le hasard avec la nécessité, la partie avec le tout, le pourquoi avec le parce que. On raconte l’histoire d’une Reine impuissante, d’un vaurien malgré lui, d’une solitaire malgré elle, d’un serveur vaniteux ou d’une valisette nommée vanité.
Ces «fables pièges» dérivent des études autour des lignes complexes, des labyrinthes, méandres, entrelacs, noeuds et nouages interconnectés que Claudius Weber mène depuis plusieurs années, et de son intérêt pour la littérature philosophique, son affinité pour les complications et les problèmes. Qui dit problème dit contradiction, paradoxe, dilemme, ambiguïté, antinomie, aporie. L’embarras nous propose une matière à réflexion, indépendamment du dénouement. Un piège ne garantit pas l’échappatoire, mais propose en premier lieu son existence trompeuse.
Les «fables pièges» racontent cette réalité. Certaines sont basées sur des problèmes mis à disposition par la tradition : elles intègrent des impasses évoqués par Saint Augustin, Descartes, Wittgenstein, Socrate ou Freud. D’autres se frottent à de célèbres problèmes tels le «trilemme de Münchhausen», le «polylemme de l’âne», le «sophisme de l’avocat» ou le «paradoxe de Russell». La plus grande partie cherche des (vrais et faux) problèmes, les inventant à partir des confusions troublantes ou des pagailles quotidiennes.
Il ne s’agit ni de s’en enivrer ni de se moquer de leur négativité, mais de les fréquenter. D’autant que ces fables n’ont pas de morale, au sens d’une petite solution à retenir, et que leurs constats contradictoires ne promettent pas de clairvoyance. Si l’on considère la solution comme le fruit de la pensée, on pourrait voir le problème comme sa petite graine tombée sur une terre aride et qui a son histoire encore devant elle.

Zu bestellen bei Art&Fiction